MANET Olympia 1863
Le visiteur regarde Olympia
Olympia regarde le visiteur
L'esclave regarde Olympia
Personne ne regarde l'esclave.
Le chat a tout vu.
Va savoir pourquoi mon chat s’effraie de te voir.
Tu m’as envoyé ces fleurs pour m’annoncer ta venue, voilà je me suis préparée. Je suis nue, je n’ai gardé que ce petit lacet autour du cou, que tu aimes dénouer, comme tu le ferais d’un cadeau.
Tu me regardes et ton regard m’éclaire comme une lampe qui voudrait me brûler de loin
Je n’ai pas peur. Je m’amuse de ton petit théâtre intérieur.
Tout à l’heure tu me prendras, mais je ne t’appartiens pas.
Tu ne regardes pas mon esclave.
Tu ne vois pas qu’elle me regarde.
Tu ne vois pas que c’est moi son esclave.
Mon tendre et féroce amour.
Qui tout à l’heure te déchiquettera.
Mon chat t’avait prévenu.