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Roi de l'univers Misérable vermisseau
15 octobre 2022

Les tariers-pâtres

tarier

Moi, cette histoire de tariers-pâtres, ça m’a toujours fait une drôle d’impression.

Ils apparaissent donc au printemps, début mai. Contact auditif dans les premiers temps, un tac-tac-tac mécanique caractéristique.

Les jumelles sont sur la table de la terrasse, mais ils sont cachés dans la haie.

Puis un mâle – capuchon noir sur toute la tête, qui contraste avec un collier blanc, poitrail saumon, déjà en plumage nuptial – posté sur une branche haute, et qui chante une bonne partie de la matinée.

L’éthologie nous enseigne que les finalités de ce chant sont de marquer leur territoire et d’attirer des partenaires femelles pour la reproduction.

Jusqu’à la mi-juin : nidification, couvaison, élevage des petits et envol de jeunes.

Puis on ne les voit plus jusqu’à l’automne, début octobre, avec le passage des migrations.

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Ça faisait longtemps – mais c’est subjectif « longtemps ». La durée d’un été, c’est « longtemps » ? -, ça faisait longtemps que je ne les avais pas revus, mes tariers-pâtres, dans la haie qui sépare mon jardin du pré voisin.

J’avais rangé mes jumelles fin juin, la plupart des passereaux disparaissent de ma haie pendant l’été, sans doute pour aller dans des zones plus avantageuses pour se nourrir.

Alors c’est une joie de les revoir à l’automne.

J’aime tellement les entendre s’agiter dans l’épaisseur de ma haie, je les devine plus que je ne les vois. Je dois me concentrer pour entrapercevoir leurs circulations furtives. Parfois le cadeau d’un chant. J’aime ces moments où, pleinement occupé à déceler un plumage dans les trouées d’une haie, ou à capter les cris des jeunes tariers de l’année, je me fonds dans le Vivant, je participe à  cette effervescence générale, j’ai le sentiment d’être inclus dans l’Elan Vital naturel.

 

C’est un peu ma méditation à moi, j’ai des jumelles spirituelles quoi.

 

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C’est une de ces choses, il ne faut pas trop y penser.

Les saisons s’enchaînent chaque année. C’est un cycle naturel immuable, rassurant – et en même temps, chaque printemps, chaque été et chaque automne sont différents de ce qu’ils étaient les années précédentes, et de ce qu’ils seront les années à venir.

Les tariers-pâtres de ma haie à l’automne, sont-ils les mêmes que ceux que j’ai observés en mai ? Pas sûr… Mais ce sont des tariers-pâtres. Dans ma haie, pendant  que j’essaie de les suivre avec mes jumelles,  ils s’amusent de moi, incarnant tantôt  la permanence  dans l’impermanence ,tantôt l’impermanence dans la permanence.  Je crois qu’ils se foutent de moi.

Suis-je le même observateur qu’en mai ?  Le maître zen répond : ne te pose pas la question, et tu auras la réponse. Ok, ok, ok.

Bon, plutôt qu’à l’ornithologie, je crois que j’aurais mieux fait de me mettre à la menuiserie.

 

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