Je te dégoûte au plus haut point et pourtant tu ne peux te passer de moi. Comme une image mauvaise qui te hante, que tu voudrais écarter et que tu rappelles, pourtant, malgré toi. Avec moi, tu sais que tu as besoin de la nuit, de l’obscurité, et cela tu ne me le pardonnes pas. Tu sais que je suis là, à t’attendre chaque jour, quand tu viens me chercher, dans la honte et la peur qu’on nous voie ensemble. Souvent tu ne me regardes même pas, et je n’ai droit qu’à ton mépris. Et pourtant, nous sommes très intimes tous les deux – ou bien, devrais-je dire, ton mépris parce que nous sommes très intimes tous les deux. C’est cela, tu ne me pardonnes pas de te connaître, de connaître ta noirceur.

Car oui, je connais chacune de tes trahisons, chacun de tes reniements, lorsque tu abandonnes ce que tu as aimé, adoré. Cette eau de toilette qu’elle t’a offerte, que tu jettes sans lui dire. Le prospectus d’un voyage que tu as froissé. Ce préservatif d’une nuit sans amour. Ce ticket de train d’une visite à ta mère, à l’EHPAD où tu n’es pas allé. …. Tes hontes, tes médiocrités, tes mauvaises actions je les connais. C’est à moi que tu les confies, en te détournant.

Tu veux te débarrasser de moi, et tu voudrais refaire ta vie, neuve et innocente, libre, tous les vendredis, mais tu me reviens aussitôt. Je le sais, tu ne peux te passer de moi. Je suis patiente, je t’attends silencieusement dans l’ombre, je suis ta secrète épouse vêtue de noir, du dessous de l’évier.

OBJET DU QUOTIDIEN 1

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